Taizé - séjour SMA

TAIZÉ : Source d’espérance pour toute vocation missionnaire

Taizé une communauté dédié aux jeunes mais pas que…

Taizé est une commune française située dans le département de Saône-et-Loire, en région Bourgogne-Franche-Comté. Le pèlerinage effectué sur Taizé des aumôneries du diocèse de Lyon organisé du 21 au 24 février dernier, nous a permis d’approfondir notre connaissance de la vie missionnaire chrétienne sans distinction.

La communauté de Taizé est une communauté monastique chrétienne œcuménique. Elle fut fondée en 1940 par le Suisse Roger SCHUTZ, pasteur protestant dont l’unité des chrétiens était l’un des plus profond de ses désirs. Né le 12 mai 1915 à Provence et mort assassiné le 16 août 2005 à Taizé à la suite d’un acte de violence inouïe, le frère Roger a laissé Taizé comme un don de Dieu à l’Eglise œcuménique dirigé aujourd’hui par le prieur Frère Aloïs. Comment se présente cette communauté et quel est son impact dans la vie des Chrétiens ?

Taizé - Aumonerie

Au soir du 21 février, nous sommes arrivés à Taizé avec un froid considérable pour nous qui n’avons pas trop d’expérience du froid (-5°C). Nos premières impressions, une grande foule de jeunes était déjà sur place. Avec les 292 pèlerins venant de Lyon et ceux que nous avons trouvé à Taizé, nous formions une totalité de 1400 personnes sans compter la communauté des moines pouvant atteindre 70 frères. Malgré le nombre élevé de jeunes, toutes les activités se faisaient dans l’harmonie selon l’esprit de la communauté. Taizé donne la possibilité à tous de se sentir dans une unique famille qui est l’Eglise. Le partage de la Parole de Dieu en différentes langues à savoir : anglais, chinois, Tamul, italien etc. amène chacun(e) à entendre l’Esprit-Saint s’exprimer dans sa propre langue. Il y a aussi les partages bibliques qui font réfléchir les jeunes sur leur expérience de vie à la lumière de l’Evangile. La communion entre les pèlerins se fortifie aussi par le partage de l’Eucharistie pour les catholiques et du pain béni pour les évangéliques sans chercher à faire de différence. Le plus important, c’est la communion au Corps du Christ. Il faut noter aussi que le Frère Roger en compréhension du mystère de la foi catholique, le rôle de la Vierge Marie dans le mystère du salut, la présence réelle du Christ dans les dons eucharistiques, le ministère apostolique dans l’Eglise, le ministère d’unité exercé par l’évêque de Rome, l’Eglise Catholique avait accepté qu’il communie à l’eucharistie. Il a reçu la communion à plusieurs reprises des mains du Pape Jean-Paul II. Au moment des funérailles du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Ratzinger n’a fait que répéter ce qui se faisait déjà avant lui dans la Basilique de Saint-Pierre.[1]

Taizé - temps de parole

La perspective œcuménique, richesse considérable de Taizé s’exprime aussi selon le programme ou organisation des différents groupes. Nous avions deux pasteurs qui nous ont entretenu sur la réforme de l’Eglise par Martin Luther. Cet entretien, à travers des images successives à savoir : l’œuf, la chenille, la chrysalide et le papillon, nous a fait comprendre que l’Eglise à besoin du renouveau. Il reste à savoir comment notre Eglise et nos différentes communautés doivent penser le renouveau.

Les frères de Taizé, dans la formation missionnaire des jeunes traitent des thèmes qui enthousiasment les jeunes : Comment aider les personnes âgées ? Comment concilier science et foi ? etc. Assoiffé de la connaissance, un jeune lors de la formation posa cette question : Qui a créer Dieu ? Très belle question mais insuffisante, répondait le frère et il poursuit : « Dieu est esprit, personne ne l’a créé, notre esprit en tant qu’homme ne peut le cerner. Il serait plutôt intéressant de savoir pourquoi nous existons. »

A Taizé, chose étrange, beaucoup de jeunes viennent à la confession, d’autres vont à la rencontre des pasteurs et des frères pour se faire écouter et poser aussi leurs préoccupations. Le souci de nos jeunes de se faire écouter, de se confesser, de vivre le silence et de participer à la liturgie communautaire, nous font dire que face à Dieu, la jeunesse est désarmée.

Face à cette expérience personnelle de chaque pèlerin à Taizé, quelle vie d’espérance est réservée à l’Eglise du Christ ?

Ces pèlerinages ou rencontres à Taizé sont d’une importance capitale pour la vie de chaque communauté chrétienne. Beaucoup de jeunes vivent dans des sociétés sécularisées. Il est parfois pour eux très difficile de trouver des compagnons de route dans la foi et dans la vie chrétienne. Les espaces où approfondir et célébrer la foi, dans la joie et la sérénité sont rares. Les Eglises locales ont quelquefois du mal à bien accompagner les jeunes dans leur cheminement spirituel. Ils sont déboussolés lorsqu’ils n’arrivent pas à retrouver leur place et utilité lorsque parfois tout est verrouillé par les anciens ou personnes âgées dans l’Eglise. C’est pour ces raisons que nous trouvons les rencontres à Taizé comme répondant à un véritable besoin pastoral de notre jeunesse mondiale. L’expérience à Taizé donne également à cette jeunesse de non seulement être en quête de Dieu par la prière commune, le chant, le silence, la méditation personnelle, le partage, mais aussi pour se découvrir ou redécouvrir un sens à leur vie en les aidant à se préparer à assumer des responsabilités et retour chez eux en vue d’être pour des jeunes de paix et de confiance. Taizé oriente les jeunes à ne pas avoir peur dans l’exercice de l’actualisation de leur foi. Un jeune a affirmé en ce sens : « Désormais, moi, une fois rentrée dans le métro, je ne manquerai pas de saluer mes voisins ; peu importe s’il me réponde. » Voilà la joie de Taizé en vue d’un monde de fraternité, d’amour sans défiance et de méfiance. La vie chrétienne répond certes aux besoins de silence et de solitude, mais elle a également besoin de partage, de rencontre et d’échange. C’est surtout en ce sens que le Page Jean-Paul II, s’adressant à l’assemblée, lors de sa visite à Taizé en 1986, a affirmé : « On passe à Taizé comme on passe près d’une source. Le voyageur s’arrête, se désaltère et continue sa route. Les frères de la communauté ne vont pas vous retenir. Ils veulent dans la prière et le silence, vous permettre de boire l’eau vive promise par le Christ et de discerner sa présence, de répondre à son appel, puis de repartir témoigner de son amour dans vos paroisses, vous écoles, vos universités, et surtout vos lieux de travail. »[2]

L’expérience à Taizé favorise une grande ouverture particulièrement pour tous les jeunes du monde entier désirant emprunter la voie de la vie missionnaire religieuse, sacerdotale ou laïque.

Puisse l’Eternel Dieu pour la Gloire de notre Seigneur Jésus, bénir davantage Taizé et susciter dans le cœur de notre jeunesse la vocation missionnaire, surtout pour nos différentes communautés religieuses, en particulier dans la Société des Missions Africaines (SMA).

 

Père Emile Kouakou,

Animateur missionnaire

 


[1] Cf, Les cahiers de Taizé, n°10, P. 5

[2] Cahier de Taizé, n°10, P. 18