Michel, jubilaire – Cinquante ans de sacerdoce !

“Le Seigneur a été pour moi un bon berger tout au long de ces cinquante années de vie missionnaire”

Album photos de la journée

Il est de coutume, aux Missions Africaines de la Province de Lyon, d’entourer et de célébrer ses jubilaires de l’année, mais voilà le Corona Virus en a décidé autrement. Cette année donc pas de rassemblements pour nos jubilaires. Mais l’un d’eux, Michel L’Hostis, nous arrivant tout droit d’Afrique, du Nord Bénin précisément, a voulu célébrer cet événement avec la communauté des Naudières à Rezé.

Nous avons eu le privilège de fêter Michel, dans l’intimité, par une messe en la chapelle des Naudières suivi d’un repas festif. Michel, partant de l’évangile (Mth 10,16-23), nous a partagé son action de grâce pour ces cinquante années au service de la Mission :

«La photo de notre frère Pier Luigi, retenu en otage, est là pour nous rappeler que l’annonce de la Bonne Nouvelle ne se fait pas sans risque.»

«Chaque année une vingtaine de missionnaires, prêtres, religieuses sont tués ou pris en otage. Pour ma part n’ayant travaillé qu’au Bénin, Je n’ai pas rencontré de grandes persécutions. Certes, on se heurte à des résistances quand pour la première fois l’Évangile est annoncé dans les villages. J’ai eu la grande joie de la faire chez les Berbas au Nord Bénin. Et puis, quand les communautés chrétiennes commencent à grandir, l’ivraie semée par l ’ Ennemi apparaît , rien d’étonnant, Jésus l’avait annoncé également. Mais par le travail accompli et par l’exemple donné par les missionnaires qui nous ont précédés, aujourd’hui, le Père sma, au Bénin du moins , est comme auréolé, on ne s’attaque pas à lui directement. Ce sont plutôt les laïcs qui ont à souffrir, parce que leur foi chrétienne les oblige à renoncer à certaines coutumes ou à certains sacrifices, par exemple au moment des funérailles ou des grandes épreuves familiales.»

Ce matin, je voudrais simplement remercier le Seigneur d’avoir été pour moi un bon berger tout au long de ces cinquante années missionnaires, pour toutes les grâces reçues de Lui directement ou par l’intercession de la Vierge Marie, de Sainte Anne, de Saint Yves et aussi de Saint Joseph, quand il y avait des constructions ou des aménagements à réaliser. Elle est vraie cette parole de Jésus quand on essaie de le suivre : «On reçoit déjà cent fois plus sur cette terre que ce à quoi on a renoncé pour Lui». Il nous a fait rencontrer des hommes, des femmes, des catéchistes qui nous ont beaucoup apporté par leur amitié, leur foi, leur dévouement, leur attachement. Je m’en suis encore rendu compte tous ces jours-ci, en leur disant “au revoir” à ceux avec qui j’étais ces six dernières années. On s’est attaché à eux, ils se sont attachés à nous. Le nom de beaucoup de pères reste gravé dans leur mémoire. Et combien m’ont dit : «Si vous voyez tel père, il faudra le saluer» ou bien «Que devient tel ou tel père?»

Voilà pour moi, ces cinquante ans de sacerdoce coïncident avec le commencement d’une nouvelle étape de ma vie missionnaire. Malgré les forces qui diminuent et tous ces petits ennuis dus à l’âge, cette nouvelle charge, je l’envisage avec sérénité et confiance sûr que le Seigneur restera ce Bon Berger qu’Il a été toujours pour moi pendant ces cinquante ans et qu’il est aussi pour chacun de nous. Alors remercions le, ensemble.»

Michel vient de quitter le Bénin parce qu’il a été rappelé en France par ses supérieurs afin de remplir une nouvelle mission. Il a dû quitter un pays qu’il aime profondément et auquel il est très attaché. Ce départ n’a pas été facile, je cite Michel: «Au moment de partir pour une autre destination, la question se pose: qu’est-ce qu’on garde, qu’est-ce qu’on brûle… On est tous passé par là, plusieurs fois même. Si j’ai fait tout cela, c’est parce que mes supérieurs me l’ont demandé. Sinon, j’étais bien là-bas, j’y serais resté. D’ailleurs, je me dis : «Mgr de Brésillac, quand il a fait ses bagages en Inde, personne ne lui dit de partir. Le supérieur m’a dit: “Tu rentres et tu vas à Rezé, tu seras bien accueilli là-bas, ne t’inquiète pas.” Pour Mgr de Brésillac, personne ne lui a dit des choses pareilles, il savait que l’accueil allait être plutôt glacial. Et donc, ça devait être encore plus dur pour lui de quitter tous ceux qu’il aimait tant et sachant aussi qu’il n’était pas du tout attendu en France. Un évêque qui démissionne à l’époque, ce n’est pas évident. Je pensais un peu à ça, en me disant, finalement, je sais un peu où je vais, j’obéis, c’est la loi. J’ai fait pas mal de temps en Afrique, il faut aussi que je donne un coup de main en France, tout de même. Tandis que Mgr de Brésillac, lui, ne suivait que sa conscience. Il lui fallait une certaine foi, et s’il n’avait pas écouté sa conscience, on ne serait pas là aujourd’hui. J’ai pensé à ça en faisant mes bagages.»

Merci Michel pour ton obéissance. Soit le bienvenu en France. Merci aussi d’accepter la nouvelle charge qui t’est confiée à Montferrier. Les anciens t’en sont très reconnaissants. Alors Kwabo (bonne arrivée) et bon vent, sous la houlette du Bon Pasteur.

Propos recueillis par Gérard Sagnol, sma