Au cours de la messe d’action de grâce, le Provincial sortant Pierre Richaud, nous a partagé sa réflexion sur les six années de son mandat. Voici, en intégral, le texte de cette homélie : “Je ne vais pas commenter l’évangile que nous venons d’écouter. Pourtant il y aurait tant de choses à dire sur le « Notre Père ». Mais au moment où je passe le relais à un autre, je voudrais dire deux choses.”
“Je voudrais d’abord demander pardon pour tout ce que j’ai fait de travers. Je sais que j’ai dit des paroles qui ont blessé l’un ou l’autre des confrères. J’ai posé des actes qui ont fait mal ou alors j’ai eu des manques qui auraient pu soutenir tel ou tel. Alors je demande pardon à tous.
Mais surtout je veux rendre grâce au Seigneur. Je termine 6 dans la fonction de supérieur provincial ; avant j’ai fait 6 ans comme conseiller provincial, et avant tout cela, je suis resté 6 ans come supérieur régional à Cotonou. 18 ans dans l’administration sma !
Je voudrais rendre grâce au Seigneur surtout pour tous les confrères qui m’ont soutenu. J’ai eu en eux des frères, j’ai vu en eux des missionnaires.
Si j’ai eu quelques difficultés avec un tout petit nombre, de la part de beaucoup j’ai eu de nombreuses paroles d’encouragements, beaucoup de signes de fraternité. Il y a un petit détail qui fait du bien. Très souvent au bas d’une lettre il y avait un merci ou une reconnaissance pour la charge au service de tous que j’avais acceptée. Je dois dire que j’ai toujours été très sensible à tous ces petits signes d’amitié.
J’ai rencontré des missionnaires et des apôtres. Quel travail et quel dévouement chez tous, même chez ceux à qui j’ai dû parler durement. Quel que soit leur âge ou leur lieu de travail, j’ai vu des missionnaires passionnés par leur travail. Quel amour et quelle foi de leur part.
Je voudrais en citer deux comme exemple. Je pourrais en citer un très grand nombre. Ces deux sont déjà décédés. Je ne veux pas en citer des vivants, car ce serait dangereux pour leur orgueil ! Il s’agit de Ange Mabon et Joseph Arsac.
Ange Mabon, je l’ai connu au Bénin lorsqu’il travaillait au développement avec des paysans. Je l’ai vu lorsqu’il a été attaqué brutalement par un de ses catéchistes. Puis il a perdu la vue. A Montferrier, j’aimais aller le saluer, car il gardait toujours son optimisme. Bien sûr il parlait de ses misères et de ses souffrances, mais toujours cela se terminait par une note de gaité.
Joseph Arsac, ce n’est pas parce que nous étions cousins que je l’ai retenu ce soir. Mais il fait partie de ceux qui m’ont marqué. Il y a une quinzaine d’années, il doit se rendre à l’évidence que sa santé ne lui permet plus de repartir en Afrique. Il a encore de l’énergie, il ne se referme pas sur son problème. Il se met au service du diocèse de Viviers où il est resté S.M.A., c’est-à-dire au Service des Montagnards de l’Ardèche. Il avait vraiment conscience d’être missionnaire en Ardèche. Et cela il le répètera jusqu’au bout. Il me l’a redit quelques jours avant sa mort à Aubenas. Dans cet hôpital il a porté témoignage auprès de tout le personnel soignant. Tous ceux qui y ont participé se souviennent de la joie et de la foi qu’il a manifestées au moment où il a reçu le sacrement des malades.
Il y aurait bien d’autres exemples à citer, comme par exemple celui de Jean-Baptiste Lebrun qui nous a quittés hier. Chez tous c’est beau. Mais c’est aussi très varié. Je me souviens lorsque je revenais à Cotonou après ma première visite de tous les confrères du Bénin. J’avais vu des situations et des personnages extrêmement différents. Comment faire avec toutes ces différences ? Mais par la suite j’ai pu constater que tous allaient dans le même sens, c’était l’annonce de Jésus-Christ qui les animait tous.
Parmi les confrères, je voudrais en citer quelques-uns d’une manière particulière ; ce sont ceux qui ont travaillé avec moi ces 6 dernières années : l’équipe sortante, Gaby Noury, Christian Besnard, Yvon Crusson, ainsi que l’économe provincial, André Perrin et le secrétaire provincial, Bernard Favier. Nous nous sommes trouvés très proches pour travailler tous dans le même sens. Cela a beaucoup facilité le travail et permit de vivre dans une ambiance très fraternelle. Ceux qui sont passés par la rue Hidalgo ont pu découvrir cette grande fraternité dans la communauté. Je souhaite à Gaby Noury et à l’équipe qui sera avec lui de vivre la même cohésion.
J’ai d’autres raison de rendre grâce au Seigneur. J’aime voyager. Je peux dire que j’ai été gâté. En Afrique et en France, j’ai pu visiter des lieux que je n’aurais jamais connus autrement. J’étais un assez bon client de la SNCF !
Mon travail m’a permis de découvrir la SMA internationale. A travers les rencontres de régionaux, les différents Conseil Pléniers et, récemment, lors de l’Assemblée générale à Rome, j’ai fait la connaissance de toutes les entités sma. Je peux dire que nous formons vraiment une grande famille fraternelle.
J’ai découvert aussi l’Eglise de France et tous les efforts qu’elle fait pour être missionnaire. C’est surtout à travers les différents instituts missionnaires et tout ce que fait notre Eglise dans ses liens avec l’Eglise universelle que j’ai ait cette connaissance.
Mais dans tout cela, j’ai vu surtout que c’est le Seigneur qui est à l’œuvre dans tout ce que nous faisons. Sans lui on ne fait pas grand-chose. Je voudrais le remercier ce soir pour tout ce qu’il fait pour nous et pour tout ce qu’il nous permet de faire.”