“Tant que nous aurons de la nourriture”

« Tant que nous aurons de la nourriture »
C’est ce que nous disent, les fermiers venus de la région de Bomoanga, à la frontière avec le Burkina Faso.

Avant que ne soit kidnappé Pier Luigi Maccalli, la région était partiellement occupée par des groupes djihadistes principalement du groupe ethnique peulani.

« Tant que nous aurons de la nourriture », disent-ils, car tous les marchés de la région ont été perturbés l’année dernière par les insurgés qui ont imposé la non-mobilité aux agriculteurs et aux commerçants. En outre, dans certaines zones, des explosifs ont été placés pour limiter les sorties des villages.

Le centre d’où ils viennent, Ngoula, composé à l’origine de 45 villages, compte aujourd’hui seulement 21 localités habitées. Les habitants de 24 villages se sont réfugiés dans des centres plus protégés par les forces gouvernementales : Makalondi, Torodi et Ngoula lui-même, qui compte actuellement deux fois sa population.

Tout le monde, chrétien ou non, est obligé d’avoir un régime de charia de type salafiste. Pantalon noir et barbe raccourci pour l’homme et voile com- plet pour la femme. Ils demandent la « Zakat », la taxe islamique sur les marchandises, alors que l’argent est à court depuis longtemps.

Il est strictement interdit aux chrétiens de prier dans la chapelle et d’afficher des croix. L’agriculture dans les champs est rendue impossible en raison des difficultés de déplacement dues aux menaces. La récolte de maïs, nourriture de base pour la population locale, était pratiquement nulle depuis que les nouveaux « propriétaires » sont arrivés au moment de la récolte.

Les enfants d’âge scolaire sont depuis partis dans des centres relativement mieux protégés pour poursuivre leurs études.

« Nous manquons même de sel », ont-ils commenté presque soumis. Cette marchandise et d’autres sont habituellement achetées les jours de marché, mais ceux-ci sont actuellement suspendus par les djihadistes.

« Nous résistons dans la peur parce que nous ne voulons pas quitter notre terre et ce qui reste de nos maisons, ». Pour communiquer par mobile, ils se branchent le réseau du Burkina Faso, qui est à environ 60 kilomètres, parce que le réseau du Niger a été saccagé.

Ils prient ensemble comme ils peuvent dans leurs maisons et leur prière va très loin. Ils sont venus en ville pour lancer un appel à l’aide alimentaire auprès des politiciens et des religieux. Les militaires vont pouvoir convoyer les colis au village.

« C’est le dernier espoir qui nous reste et nous resterons tant que nous au- rons de la nourriture », disent-ils avant de repartir.

Armanino Mauro