Les Sociétés missionnaires veulent penser «la mission à partir de l’Afrique»

La rencontre continentale des Sociétés Missionnaires de Vie Apostolique (MISAL – SMVA) se tient tous les deux ans, a expliqué le père Stanley Lubungo, prêtre d’origine zambienne et supérieur général des Missionnaires d’Afrique, communément appelés Pères Blancs. Elle regroupe une dizaine des sociétés missionnaires, principalement fondées en Europe. Coorganisée par les missionnaires d’Afrique (mAfr) et les Société des Missions Africaines (Sma), l’édition 2023 a réuni 12 supérieurs et vicaires généraux de huit de ces congrégations. Il s’agit des responsables de l’Institut Pontifical des Missions Etrangères (Pime), des Missions Etrangères de Paris (mep), de la Société des Prêtres de Saint Jacques (Spj), des Missionnaires de Mill Hill (Mhm), des Missionnaires de Saint Patrick (Sps). Les représentants de la Missionary Society of Saint Paul, fondée par la Conférence épiscopale nigériane, étaient également présents. D’autres n’ont pas pu participer à cause des problèmes administratifs, a indiqué le père blanc.

Penser «la mission à partir de l’Afrique»
«La mission à partir de l’Afrique» est le thème qui a animé les échanges, partages et réflexion au cours de cette rencontre. Les participants ont voulu réfléchir sur ce que représente et signifie l’augmentation du nombre des membres d’origines africaines au sein de leurs sociétés et sur l’opportunité que cela représente. Ces congrégations, a constaté le père Lubungo, avaient au début des membres provenant essentiellement des pays occidentaux. Avec le temps, et surtout après le Concile Vatican II, elles ont ouvert leurs portes aux africains. Pour les missionnaires d’Afrique, comme pour les Société des Missions Africaines, les nombre des membres africains s’est accru, avec une participation importante à la mission, a fait savoir le missionnaire zambien. Voilà pourquoi ces sociétés ont axé leurs réflexions sur ce qu’apporte cet accroissement et sur «la contribution des africains à la mission universelle», a-t-il déclaré.
Les participants à la rencontre continentale des Sociétés Missionnaires de Vie Apostolique, ont rendu visite au cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Les participants à la rencontre continentale des Sociétés Missionnaires de Vie Apostolique, ont rendu visite au cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Défis et opportunités
Pour le supérieur général des Missionnaires d’Afrique, la présence des membres africains dans ces instituts «représente une grande opportunité pour l’Eglise universelle de grandir car les églises d’Afrique ont encore beaucoup de vocations et elles sont jeunes et dynamiques». Un autre avantage, a-t-il souligné, est que les africains sont devenus eux-mêmes des missionnaires et «cela offre l’opportunité d’approfondir l’œuvre de l’évangélisation commencée par nos confrères occidentaux». Ces derniers ont abattu un travail énorme qui est très apprécié, «mais ils l’ont fait comme étrangers». Même si les africains sont aussi «étrangers» dans d’autres pays d’Afrique où ils vont en mission, ils sont mieux placés pour engager et continuer le travail d’inculturation de la bonne nouvelle, ayant une meilleure connaissance et une grande proximité avec leurs cultures, a-t-il avancé.
Parmi les défis, le père Lubungo a souligné le tribalisme, qui affecte également les membres de ces instituts. Il a appelé à aller au-delà de ce vice, en vivant une vraie solidarité, souvent reconnue comme l’une des qualités des africains. Un autre problème, a-t-il relevé, est la question financière. Les missions d’Afrique sont «restées longtemps dépendantes des apports des confrères occidentaux». D’où il faut travailler et éduquer les membres et les collaborateurs à une bonne gestion pour que la mission aille de l’avant, a-t-il indiqué.

Collaboration dans la formation et solidarité entre les missionnaires
Parmi les perspectives d’avenir, le général des pères blancs a mentionné la collaboration dans la formation que ces sociétés missionnaires souhaitent accroître. Elles veulent surtout travailler sur un programme de formation qui puisse véritablement aider les africains à être missionnaires en Afrique. Elles pensent aussi à promouvoir «une solidarité fraternelle qui doit être vécue sur le terrain de la mission», car «un missionnaire isolé est un danger». Il s’agit d’encourager «une collaboration sur le terrain et non pas seulement dans des rencontres» ponctuelles, a déclaré le père Lubungo. Il a partagé la fierté des membres de ces sociétés d’être des missionnaires et leur espoir de voir continuer la mission, avec notamment le grand nombre des vocations en Afrique et en Asie.