Messe en hommage à Émile Pottier

Le mardi 26 juillet 2022, en l’église St Martin et St Vincent de Château-Thébaud, les Missions Africaines, la famille du Père Émile Pottier et ses amis se sont rassemblés pour célébrer une messe à sa mémoire.

Ci-dessous, l’homélie prononcée par le Père Joseph Hardy, sma :

Merci à vous, la famille d’Emile, de nous avoir invités à venir célébrer cette eucharistie dans l’église de son baptême, comme à un pèlerinage aux sources de sa foi, de son appel au ministère presbytéral et au service de la mission en Afrique. Il était attaché de manière charnelle à ses racines rurales et à sa famille, à ses parents et à son jumeau Paul en particulier. Il aimait partager les célébrations de votre communauté paroissiale où il pouvait laisser libre court à son style oratoire qui lui appartenait en propre.

Quand le cousin Bruno m’a contacté, je lui ai dit que quelques mots me venaient à l’esprit à propos d’Emile : ”Un homme fraternel, fidèle en amitié, heureux de vivre, plein d’humour, un missionnaire passionné de contacts.” Mimile, ce sont 68 ans de service dont 41 en Afrique. Sa vie a été une ’’bonne nouvelle’’ pour tant de gens ! En Côte d’Ivoire, au diocèse de Daloa, au milieu du peuple bété, il a connu, pendant 9 ans, les servitudes du professorat de philosophie, fier tout de même d’avoir participé à la formation des élites du pays. Il vivra comme une vraie libération le ministère paroissial qui lui permettait de prendre des initiatives dans le domaine de la formation des catéchistes, les colonnes vertébrales des communautés chrétiennes. Dans son homélie des funérailles d’Emile, à Montferrier, en utilisant des expressions typiquement ivoiriennes et souvent reprises par Emile, notre frère sma, Michel Cartatéguy, a souligné qu’après avoir participé à la promotion « des en-haut de en-haut », il avait éprouvé beaucoup de joies à travailler parmi ’’les en-bas de en-bas’’.  Il aimait la nature, la grande forêt et la pêche au gros, les rencontres entre confrères et entre amis…dont il faisait la matière première de ses congés annuels au pays nantais. Avant sa retraite, pendant 9 ans le diocèse de Nantes a pu apprécier son dynamisme pastoral. Enthousiaste et entreprenant, il savait partager son optimisme, sa joie de vivre et son rire qui va nous manquer.

Vous avez choisi les lectures de notre célébration. La lettre de St Jean est simple et directe. Elle exprime bien ce qui a éclairé la vie et les engagements d’Emile jusqu’à ces dernières années. Il se joint à nous pour proclamer avec conviction : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, car nous le sommes… et lorsque nous Le rencontrerons, nous Lui serons semblables parce que nous Le verrons tel qu’il est. ». Et plus avant, St Jean conclut : « Nous devons nous aimer les uns les autres … et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. » Voilà le fondement de notre foi et de notre espérance : nous sommes les enfants de Dieu et Dieu reconnaît les siens à l’amour que nous avons les uns pour les autres, en actes et pour de vrai.  La foi d’Emile était simple, spontanée et directe, sans fausse pudeur, à la manière des enfants et il attendait la rencontre finale avec une grande confiance. Dans l’évangile, pour ses Apôtres bouleversés par l’annonce de son départ, Jésus confirme : « Je m’en vais pour vous préparer une place. Là où je suis vous y serez aussi. Vous connaissez le chemin. »  Thomas – qui n’acceptera la réalité de la Résurrection qu’après avoir touché le Ressuscité – exprime nos propres doutes : « Mais, Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? » La réponse de Jésus vient nous rassurer et fortifier notre foi : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ! » Autrement dit si tu veux trouver le chemin de Dieu, écoute les paroles de Jésus : ‘’Heureux vous les pauvres de cœur, ouverts à la misère des autres ; heureux vous les petites gens du Royaume qui savez garder confiance et courage au temps des incompréhensions et des oppositions ; heureux vous les hommes et les femmes qui savez réaliser la réconciliation, l’union et la paix autour de vous.’’ Ecoute et regarde la manière de vivre de Jésus – l’homme qui réconforte et guérit, l’homme qui fait confiance et remet les gens debout, l’homme qui pardonne jusqu’au bout et promet une place dans son Royaume aux marginaux et aux prostituées, au bon larron sur la Croix, l’homme qui donne sa vie pour créer un monde nouveau de justice et de paix. Oui, cet homme qui a séduit son disciple Emile est vraiment le Fils de Dieu et il fait route avec nous.

Chaque vie est une histoire sacrée parce qu’elle vient de Dieu et qu’elle y retourne comme à sa source. Avec les textes de la Parole de Dieu, à travers ces quelques flashes sur la vie de celui qui vient de nous quitter, c’est ce que nous avons voulu dire et célébrer en nous rassemblant ce matin autour de la mémoire d’Emile, pour nous aider à éclairer nos routes, désamorcer nos doutes, nos angoisses et nos peurs de terriens que nous sommes.

 En Afrique on dit qu’un vieux qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle. C’est un savoir, une expérience, une tradition, une sagesse et des liens vivants qui s’effacent. Mais la vie, le sourire, les gestes et les paroles de notre ami, de notre frère Emile vont nourrir notre mémoire personnelle et familiale pendant longtemps. Semer la fidélité, la droiture, l’honnêteté, le goût du travail bien fait, la vie, le bonheur et l’amour autour de soi, voilà un bel héritage que vous devez vous transmettre comme un trésor, comme une Bonne Nouvelle et le transmettre aux enfants de vos enfants.